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Les Aventures de Balthazar et Sauvageonne

Publié le par VéronikM

Prologue

Balthazar croyait que l'on pouvait vivre des instants magiques et complices dans le monde virtuel. Sauvageonne de son côté, en avait un peu assez de flirter avec la solitude. Ils s'inscrivirent sur des sites de rencontres : l'un pour explorer cet univers, l'autre pour rompre avec le quotidien.

Leurs recherches sous le bras, ils déambulèrent dans le parc luxuriant des tchats, où les profils des uns comme des autres, nourrissaient leurs âmes et fleurissaient leurs fantasmes.

Ils papillonnèrent de page en page et conversèrent tous azimuts. Quant au milieu de toutes ces fiches, Balthazar tomba sur la photographie de Sauvageonne.

Surprenante découverte !

A ses yeux, son pelage n’avait d’égal que son sourire coquin. Mais au fil de leurs conversations, il s’avéra que son côté farouche rendait l’approche des plus ardues et des plus complexes.

Avait-il envie d'aller plus loin, tenter de l'apprivoiser ? Cette question n'avait pour l'instant pour Balthazar, pas lieu d'exister.

Cette personnalité atypique contribuait à attiser sa curiosité. Et c'est plein de désir et de patience, qu'il se mit en quête de l'envoûtante Sauvageonne. En femme sagittaire, elle vibrait d'impatience et de fébrilité : braise et passion.

A contrario, l’homme blessé qu'il était, n'était que glace et solitude, n'offrant que peu d'espace à l'autre. Et plus il faisait connaissance avec elle et plus de questions précises tourbillonnaient dans sa tête. Allait-il se laisser séduire ? Oublierait-il son instinct de loup solitaire ? Accepterait-il d'être charmer ? Se laisserait-il lui aussi apprivoiser, voire approcher ?

Sauvageonne comprit très vite que Balthazar était encore plus indépendant qu'elle ne prétendait l'être. Surtout, ne pas l'effrayer, ne pas le brusquer, ni même le provoquer sous peine de le faire fuir.

Réfléchir ...

Pendant ce temps-là, Balthazar prenait parfois la poudre d'escampette et la laissait plusieurs semaines sans nouvelle. En manque, il revenait par petites touches, la rejoindre sur ces sites et s'inquiétait des rencontres qu'elle aurait pu faire durant son absence. Or, il ignorait que Sauvageonne attendait patiemment ce drôle de compagnon, car il avait su l'intriguer, la charmer et toucher son cœur.

Réussirait-elle à briser définitivement la glace et les faire basculer dans le monde réel ?

Etait-il peut être temps de le laisser lâcher-prise pour ouvrir en temps voulu, les portes de sa véritable recherche, de ses plus intimes secrets et de ses fantasmes inavoués.

 

Première et unique rencontre

Nulle doute que la nuit du 15 août resterait quoiqu’il en soit, gravée dans leurs mémoires. Dans les dédalles du monde virtuel, ils s’étaient trouvés, épiés, observés, taquinés, courtisés, séparés puis apprivoisés. 

Bercés par le clapotis des vagues, enlassés sur l'herbe fraîche, la voûte céleste étoilait leur première rencontre dans la nuit sombre.

Sans crier garde, Balthazar mordit le cou de Sauvageonne, pour la marquer de son empreinte et lui faire comprendre à quel point, il avait envie d’elle. Depuis plusieurs semaines, il n’avait de cesse de lui exprimer sa convoitise et les plaisirs provoqués.

Allongés l’un contre l’autre, il lui dévora les lèvres et glissa sa main sous sa jupe. Leurs souffles étaient perceptibles et leurs désirs éclataient en cette nuit calme. Sans retenue, il fouilla son intimité ; sulfureux mélange sucré et salé, qui excitait leurs sens en émoi. Avec véhémence, il s’appropria son corps et le marqua définitivement par un besoin primal de la posséder brutalement dans cet endroit public.

Leur envie d'appartenance était à son paroxysme.

Cependant, par précaution, ils décidèrent d’en rester-là et de garder au fond de leur corps et de leur cœur cet instant inoubliable et magique, où son membre durci et fébrile pénétrerait son intimité humide et bouillonnante. Vendredi prochain … qui sait …

Ce fut leur première et unique rencontre dans le monde réel.

Balthazar préféra marivauder de site en site pour combler le vide de ses échecs passés et se rassurer sur sa capacité à plaire encore et encore. Il n’était pas le grand méchant loup qu’il laissait paraître, mais un homme sensible et meurtri par sa vie affective.

Il ne voulait plus y croire, ce qui simplifiait ses échanges avec la gente féminine.

 

Virtuel : attention danger

A travers leurs recherches respectives, ils avaient croisé au milieu de tous ces pseudos, un coléoptère ou en encore, un hermaphrodite à la recherche d’un abri avant l’orage.

Cependant, aux détours de toutes ces espèces surprenantes et parfois repoussantes, ils avaient découvert un champ de coquelicots qui réclamait toute leur attention.

Magnifique flamboyance !

Allaient-ils se laisser abuser par leur couleur rouge flamboyante ? Oublieraient-ils leur fragilité et leur vie éphémère au milieu des champs de blés ? Les effleureraient-ils malgré tous les risques ?

Sauvageonne comprit très vite que ce champ de coquelicots n’était là que pour embellir le paysage et retenir leurs attentions. Il flattait et émerveillait leurs regards pour les emprisonner virtuellement.

Une alerte fut mise en place immédiatement :

« Attention, ne pas tomber dans ce piège : le monde des rencontres virtuelles annihile toutes réalités. »

Elle réussit tant bien que mal à lui faire prendre conscience, que cet univers n'était vraiment pas simple à gérer et que sa route serait semée d'embûches.

Or, comme vous pouvez l'imaginer, malgré le rejet qu'inspiraient ses échanges électroniques à Sauvageonne, ils étaient tous les deux obnubilés par les tchats divers et variés, car ils se stimulaient l'un et l'autre, sans vraiment s'en rendre compte.

Intrigués, excités, stressés parfois et ce, malgré leur mise en garde respective, ils étaient scotchés devant leur écran et pianotaient frénétiquement sur leur clavier, dès qu'ils en avaient l'occasion.

Sauvageonne se mordait souvent les doigts à l'idée de défendre à Balthazar de se laisser berner par cet outil. Elle devenait petit à petit accroc à cet univers clos et ne mesurait pas à quelques points, elle en dépendait elle-aussi.

Cercle vicieux, voire infernal. Au fil du temps, ils n'étaient plus des pseudos anonymes parmi tant d'autres, car ils retrouvaient à chaque fois des profils connus et amicaux qui leur permettaient de faire connaissance avec d'autres et de tisser une toile sans fin. Cette spirale les enfermait et les retenait prisonniers. Etaient-ils conscients que c'était tout simplement eux, qui avaient mis en route cette machine diabolique. Ils ne leur incombaient plus que d'appuyer sur le bouton "stop" pour sortir de cet univers parallèle et poser à nouveau les pieds sur Terre.

Leurs attirances partagées, leurs envies de se rencontrer et de se découvrir physiquement, étaient leur seule clef pour en sortir. Auraient-ils la force ou plus exactement l'envie de l'utiliser ? Cette question reste toujours en suspens à ce jour. Qui peut savoir ...

Balthazar décrocha le premier du monde virtuel, car il dut supprimer de son ordinateur tous ses abonnements à la suite d'un virus dévastateur ... Il laissa à Sauvageonne des indices pour qu'ils puissent continuer à discuter ensemble. Durant la même période, déçue et dégouttée par la médiocrité des échanges sur les sites de rencontres, elle décida de supprimer également son profil. Drôle de coïncidence, me direz-vous ... Le hasard fait parfois bien les choses !

Hélas, au bout de quelques semaines, leurs mails personnels se délitaient automatiquement au milieu de tous les autres; leurs écrits étaient de moins en moins percutants, de moins en moins intenses : ils étaient devenus communs, banals, fades. Sans concertation, ils reprirent chacun à leur tour les chemins tortueux des tchats. Toujours avec les mêmes pseudos, ils recréèrent leurs fiches ; ils signalèrent à leurs amis internautes leur retour et retombèrent inévitablement dans les travers des discussions sans fin, pas toujours très catholiques.

Pourquoi ont-ils replongé, me direz-vous ? Mais tout simplement, parce que les sites de rencontres permettent pour les uns de se forger un personnage libéré de toutes ses faiblesses, de ses valeurs, de sa moral et de son éducation, qui ont bridé ou cadenassé leur "moi" ; pour les autres, de s'évader d'une réalité ou d'un quotidien pesant voire déprimant, de se démarquer d'une timidité ou d'une image hors norme, de fantasmer à outrance sans risque d'être réellement démasquer ou de trouver le temps de faire connaissance rapidement et de chasser l’espace d’un instant leurs échecs.

Qu'en était-il pour nos deux héros ?

Balthazar désirait uniquement rester caché derrière son écran et préférait "aimer" à travers les mots. Depuis de longs mois, il tentait vainement d'expliquer tout cela à Sauvageonne. Bousculé par ses arguments et ses envies, il avait pensé basculer dans la réalité, mais au détour d'un de leurs nombreux échanges, il s'était cramponné coûte que coûte à ses touches et put donner une fin de non-recevoir à Sauvageonne à ce sujet.

Toute la magie des mots échangés, des sentiments dévoilés, des envies partagées s'envola comme neige au soleil. Sauvageonne comprit que nul ne pouvait forcer les portes de ce monde fictif et encore moins d’imposer ses choix, sous prétexte d'une attirance mutuelle.

Au fil des jours, la déception, la tristesse et la colère s’envolèrent, ils continuèrent à s'écrire. Puis, Sauvageonne supprima son profil et reprit son "bâton de pélerin" dans le monde des vivants.

Mais, il semblerait qu'à ce jour un certain Adrian attise sa curiosité.

Attendons encore un peu pour en parler.

Une histoire sans fin ?

 

Je tchate, tu tchates, nous tchatons et ron et ron petit patapon …

 

A suivre ...

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Nouvelle Sucrée, Salée de Véronik Mouhat alias Prune Marsan

Les Aventures de Balthazar et Sauvageonne (2006-2009)

Le baiser, Helmut Newton

Le baiser, Helmut Newton

Publié dans Plaisir de Lire

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Au commencement

Publié le par VéronikM

"Le plaisir est le bonheur des fous. Le bonheur est le plaisir des sages."

Jules Barbey d'Aurevilly, surnommé "le connétable des lettres" au XIXe siècle, dépeignait avec lucidité les nuances subtiles entre les sensations agréables et recherchées que procure(nt) le(s) plaisir(s) et l'état durable de satisfaction et de sérénité qu'est le bonheur.

Au XXIe siècle, nous espérons et recherchons le bien-être pour supporter la souffrance, le stress et le trouble de nos vies.

Petit à petit, je partagerai les mille et un plaisirs à découvrir, au travers de contes, d'histoires vraies, imaginaires, et autres. Ce blog vous permettra de vous poser toutes les questions, d'avancer sur le chemin des ressentis, de comprendre les méandres des sensations, etc.

N'hésitez pas à me solliciter, à partager, à commenter ...

Ne vous souciez pas du paraître, soyez vous-même.

Le plaisir commence par la confiance en soi.

Publié dans Edito

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